Igloo, igloo, igloo

Il fait frette depuis deux semaines. Pas un froid sibérien qui revigore et qui te fait de belles pommettes rouges. Non, juste un frette humide qui transperce les manteaux de laine pour mieux te glacer les os. C’est trop tôt, normalement au mois de novembre on a droit à un temps frais mais pas à des températures sous le point de congélation et des prévisions de bordée de neige. Le pire dans tout ça, je l’ai déjà dit, c’est que les maisons ne sont pas équipées pour faire face à des hivers aussi rigoureux. Les fenêtres mal scellées laissent passer des rafales de vent glacial et le chauffage à air ne réchauffe que le plafond. Alors que de jour en jour on approche du coma hypothermique, les Chinois eux semblent faire abstraction du froid et vaquent normalement à leurs occupations. Sachez que la plupart d’entre eux n’ont même pas le chauffage à la maison. Comment résistent-ils ? Ils appliquent à la lettre le principe de la pelure d’oignon : combinaison de flanelle sous le pantalon de tweed, camisole sous le t-shirt à manches longues sous le chandail de laine sous le gilet sans manches en molleton sous le manteau en fausses plumes d’oie. Un accoutrement qu’ils gardent dedans comme dehors (de toute façon la température est plus ou moins la même), pour aller faire les courses, pour manger, pour dormir et pour travailler dans leurs bureaux réfrigérés. Et puis, parce qu’on ne peut jamais avoir trop froid, ils ouvrent grand les fenêtres pour faire circuler l’air, rééquilibrer le qi et faire peur aux maladies.

Ce matin c’est le plan diabolique qu’avait en tête mon ayi (femme de ménage). Arrivée à 8 heures, elle a mis ses manchons en vinyle et a gardé son manteau pour faire le ménage. J’aurais dû y voir un signe. Puis comme guidée par l’abominable homme des neiges, elle a commencé à ouvrir toutes les fenêtres, réussissant, en deux minutes chrono, à faire descendre de 20 degrés la température intérieure. Pas mal, non ? Elle semblait en transe et n’a eu pitié de moi qu’en voyant mes lèvres bleuies par le froid. Super l’hiver à Shanghai, vous ne trouvez pas ?

Fa un freddo cane da due settimane. Non quel tonificante freddo siberiano che ti fa delle belle guance  rosse. No, solo un maledetto freddo umido e penetrante che ti ghiaccia le ossa. È troppo presto, di solito a novembre abbiamo del tempo fresco, ma non delle temperature sotto il punto di congelamento e delle previsioni di forti nevicate. Il peggiore in tutto questo, l’ho già detto, è che le case non sono attrezzate per far fronte ad inverni gelidi. Le finestre sigillate male lasciano passare raffiche di vento glaciale e il riscaldamento ad aria riscalda solo il soffitto. Mentre ogni giorno ci avviciniamo sempre di più al coma ipotermico, i Cinesi fanno finta di niente, ignorando quasi il freddo. Bisogna sapere che la maggior parte di loro non hanno neanche il riscaldamento in casa. Come fanno a resistere? Applicano alla lettera il principio degli strati: calzamaglia di flanella sotto il pantalone di tweed, canottiera termica sotto la t-shirt a maniche lunghe sotto il maglione di lana sotto la giacca di pile senza maniche sotto il giubbino di finte piume d’oca. Un abbigliamento che tengono fuori come dentro (in ogni caso la temperatura è più o meno la stessa), per andare a fare la spesa, per mangiare, per dormire e per lavorare in uffici gelidi. E poi per rincaricare la dose,  perche il caldo fa male, spalancano le finestre per far circolare l’aria, riequilibrare il qi e fare paura alle malattie.

Stamattina era quello il piano diabolico della mia ayi (donna delle pulizie). Arrivata alle 8, non si è tolto il giubbino per fare le pulizie. Come guidata dal abominevole uomo delle nevi ha cominciato ad aprire tutte le finestre, riuscendo, in due minuti, ad abbassare la temperatura interna di 20 gradi. Non male, vero? Sembrava in transe, ha avuto pietà di me solo quando ha visto le mie labbre bluastre. Fantatisco l’inverno a Shanghai, non vi pare?